Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/415

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souffrir qu’il épousât une femme qui étoit chargée de trois enfans.

Ce refus, que la dame avoit prévu, lui causa de grands chagrins ; mais ils furent adoucis par le désespoir qu’elle vit dans son amant. Elle tâcha de le consoler, & eut tout lieu d’être satisfaite des tendres protestations qu’il lui fit de l’aimer jusqu’au tombeau, & d’attendre à l’épouser après la mort de son père, s’il ne pouvoit fléchir sa mauvaise humeur. Elle répondit qu’elle ne prenoit aucune parole de lui, parce que l’amour qu’il lui marquoit étoit une passion trop violente pour n’avoir pas tout à craindre du temps, & que d’ailleurs il sembloit que le veuvage étoit un état qu’elle devoit préférer à la douceur d’un engagement où elle trouvoit de si grands obstacles. Cependant l’affaire ayant fait grand bruit, elle crut, pour l’intérêt de sa gloire, ne devoir plus voir le cavalier que chez leur amie commune, qui avoit contribué à leur liaison. Il est vrai qu’elle y venoit si souvent, que cette réserve n’eut rien de fâcheux pour lui. Il lui apprit que son père, pour faire cesser son attachement, avoit dessein de le marier à une riche bourgeoise, & qu’il l’en faisoit presser par tous ses amis. La dame, qui ne vouloit point nuire à sa fortune, lui conseilla de lui obéir, l’assurant que l’amitié qui avoit commencé