Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/421

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patience à ces nouvelles. Il voulut être éclairci, à quelque prix que ce fût ; & pour en venir à bout, il lui envoya une lettre de change de tout l’argent qu’elle lui avoit prêté pendant que son père étoit vivant, & lui manda qu’il souhaitoit qu’elle fût heureuse avec le marquis ; qu’il alloit tâcher de l’être en épousant une personne du cœur de laquelle il étoit sûr, & qu’il lui rendroit ses lettres à elle-même, si-tôt qu’elle seroit de retour, afin qu’elle ne crût pas qu’il en voulût faire aucun usage qui lui donnât du chagrin.

Il ne douta point que si la dame étoit innocente, cet emportement, qu’elle devoit prendre pour une marque d’amour, ne l’obligeât à s’opposer à son changement, & à l’assurer qu’elle n’avoit nul dessein pour le marquis. Elle reçut cette lettre le même jour qu’elle gagna son procès. Ainsi, l’on peut dire qu’elle eut dans le même temps un très-grand chagrin & une sensible joie. Comme elle étoit hors d’affaires, elle n’avoit plus que les seuls ménagemens d’honnêteté à garder avec le marquis qui étoit cause de tout le désordre ; elle auroit pu convaincre le cavalier de l’injustice que lui faisoient ses soupçons ; mais il lui parut si peu digne d’elle, après la conduite qu’il tenoit, qu’elle résolut, non seulement de ne plus songer à lui, mais