Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/450

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fort embarrassé, lorsqu’une jeune bergère, qui l’avoit observé de loin, quitta son troupeau, & lui en vint présenter une de la meilleure grace du monde. Le prince regarda cette bergère avec attention, & ayant remarqué sur son visage tous les agrémens que la nature peut donner sans le secours de l’art, il lui demanda son nom. Elle lui répondit qu’elle s’appeloit Céline, & qu’elle étoit fille d’un fermier qui demeuroit à une maison prochaine. Ce prince lui proposa de venir à la cour ; mais elle lui répondit avec une ingénuité qui le charma, qu’il falloit le demander à son père, à qui elle étoit obligée d’obéir dans tout ce qu’il lui commandoit. Ce prince lui repartit qu’elle l’allât donc chercher ; ce qu’elle fit à l’instant. Le prince s’étant fait connoître à ce paysan, lui commanda de le venir trouver le lendemain à son lever avec sa fille, & l’assura qu’il feroit la fortune de l’un & de l’autre. Ce bon homme n’y manqua point ; & comme Céline ne pouvoit se résoudre à quitter son père, ce prince lui donna un emploi considérable dans le palais. Il ne croyoit d’abord rencontrer aucune résistance dans l’esprit de la bergère ; mais quand il eut connu sa vertu, il se fit un scrupule de lui faire violence, & la crut digne de porter une couronne.

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