Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/478

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voir, & de la trouver peu susceptible des impressions qu’il avoit fait prendre à quantité d’autres, il en devint amoureux si éperdument, que les déclarations qu’il lui faisoit ne l’ayant pu obliger à laisser voir un cœur sensible, il ne fut plus maître de sa passion. Ainsi entraîné par sa violence, & ne pouvant résister à l’impétuosité de ses désirs, il lui demanda si elle pourroit se résoudre à l’épouser. La belle, engagée à lui donner une réponse précise, lui dit d’un grand sérieux, mais accompagné d’un air honnête, que quand sa mère auroit fait un choix pour elle, elle savoit que rien ne la pouvoit dispenser de se conformer à ses volontés. Il eut beau presser, pour apprendre d’elle si son cœur ne souffriroit point de l’obéissance où il la voyoit prête, il ne put rien obtenir de plus, & fut contraint de s’adresser à la mère, qui, pour l’enflammer encore davantage, lui demanda quelques jours pour songer aux moyens de retirer la parole qu’elle supposa avoir donnée en quelque façon à un gentilhomme qui s’étoit déclaré depuis long-temps.

La menace d’un rival fut un motif fort pressant pour porter Engéram à ne garder plus aucun pouvoir sur lui-même. Non seulement il pria la dame de lui épargner le désespoir où il tomberoit, si son bonheur étoit incertain ; mais