Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/485

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Quoi qu’elle soit bien courte, elle va faire envie ;
Et puis, en attendant un glorieux trépas
Auprès de ses divins appas,
Dites-lui quelquefois que j’en attends un autre,
Hélas ! moins heureux que le vôtre ;
Car elle veut, par ses rigueurs,
Que, loin de ses beaux yeux, je meure misérable,
Lorsque, sur sa gorge adorable,
On vous verra mourir avec mille douceurs.

Amazonte reçut ce bouquet & ces vers avec beaucoup de plaisir. Raphane en fut ravi ; il redoubla ses assiduités auprès d’elle. Les témoignages continuels qu’il lui donnoit de l’amour le plus soumis & le plus sincère, lui acquirent dans son cœur le rang glorieux qu’il cherchoit à y tenir. Il eut pourtant à combattre l’obstacle fâcheux de quelques parens qui proposoient pour Amazonte divers partis, dont elle eût pu tirer des avantages plus grands du côté de la fortune ; mais rien ne rebuta cet amant, & continuant toujours à aimer avec une ardeur qui ne se démentoit point, sa persévérance lui fit enfin obtenir le consentement qu’on lui avoit longtemps refusé. Le mariage se fit, & il fut suivi de tout le bonheur que peut causer l’union la plus parfaite. La tendresse d’Amazonte, & sa complaisance à s’accommoder entièrement à l’hu-