Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/488

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qu’il avoit toujours aimée passionnément, & qu’il y avoit si peu de mystère dans l’attachement qu’on sembloit lui reprocher, qu’il n’auroit point de peine à le rompre, si elle vouloit l’exiger de lui. Sa femme lui répondit que ne cherchant qu’à le voir heureux, elle n’avoit rien à lui prescrire ; qu’elle le croyoit trop raisonnable pour vouloir permettre qu’on lui dérobât son cœur, & qu’il connoissoit mieux que personne ce que sa tendresse méritoit de lui. Cette matière ne fut pas poussée plus loin. Amazonte se contenta de s’être mise en droit de parler, & employa, pendant quelques temps, les manières les plus tendres & les plus douces pour ramener son mari à elle ; mais ayant connu que son engagement augmentoit, & que ses visites chez la demoiselle étoient plus fréquentes & plus longues, elle crut lui devoir ouvrir son cœur d’une manière un peu sérieuse. Elle l’assura que son intérêt ne l’obligeoit à aucune plainte, & que si tout le monde vouloit juger de ses sentimens aussi favorablement qu’elle faisoit, elle verroit, sans en murmurer, qu’il se fût fait un amusement qui lui faisait passer agréablement quelques heures inutiles ; mais elle le pria en même temps de considérer l’injure qu’on lui faisoit, lorsqu’on l’accusoit d’un engagement