Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/50

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cesse, qu’il baisa cent fois pendant ce discours. Vous venez, dit-il, de peindre ma situation, en m’expliquant la vôtre ; une langueur mortelle m’accable dès que je suis la moitié d’un jour sans vous voir. Lorsque je suis séparé de vous, je pense sans cesse à ce que vous faites ; & c’est cette attention à tout ce qui vous touche, qui causoit la jalousie que je viens de vous faire voir ; je me représentois Solocule admirant vos charmes, étant à chaque moment du jour à portée de jouir de la vue de tout ce que j’adore : je me représentois ma princesse prête à accorder, par erreur, à sa feinte amitié ce qu’elle ne devoit qu’à mon amour : mais vous avez pris vous-même le soin de dissiper mes soupçons. Que votre amour est tendre, ma chere princesse, & qu’il rend mon destin charmant ! Unissons nos ames pour jamais ; mon cœur vole sur ma bouche, pour vous assurer d’une fidélité éternelle. Fêlée s’étant penchée pendant ce discours sur le bras de Prenany, l’ardeur qui le transportoit lui fit porter, sans qu’il y songeât, ses levres sur celles de la princesse ; mais, dans cet instant, il s’aperçut qu’elle étoit évanouie.

Il chercha aussi-tôt dans la poche de la princesse son sel d’Angleterre, & fut très-alarmé de ne le point trouver. Il appuya la tête de la