Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/70

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cela ne rendit les juges de province assez habiles pour décider les affaires semblables, quand il s’en trouveroit de tout à fait pareilles, & on lui a fait son procès à cause de cela. À ces mots, l’Azinien quitta le prince & son conducteur.

Savantivane répéta à Prenany ce qu’il venoit d’apprendre, & se déchaîna vivement contre la cruauté de ses concitoyens, de faire périr un homme pour si peu de chose. Quand ils eurent marché quelques pas, il trouvèrent une foule de peuple qui revenoit de la place publique. Un d’entre eux, que Savantivane interrogea, lui dit que le coupable avoit eu sa grace. Le roi, dit cet homme, s’est fait lire quelques pages des écrits de l’accusé, & n’ayant rien trouvé qui méritât la mort, a ordonné qu’on le renvoyât.

Savantivane & Prenany se réjouirent de cette nouvelle, & s’étant un peu avancés, ils trouvèrent les juges qui s’en retournoient en bon ordre. Savantivane se présenta à eux, & adressant la parole à celui qui paroissoit le plus considérable : J’ose, dit-il, revenir en cette ville, après avoir satistait au jugement que vous aviez rendu contre moi ; depuis le temps que j’ai vécu dans le désert où vous m’aviez exilé, j’ai si parfaitement oublié tout ce que je pouvois savoir, que je ne sais pas si je retrouverai ma porte. Je suis à présent très digne de demeurer parmi vous.