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à Saint-Cloud

& attendu qu’il y a relâche au théâtre de la guerre entre nos voisins & nous, j’ai cru d’abord que c’étoit une galère d’Alger, qui nous alloit prendre & conduire à Marseille avec ces pauvres captifs qu’on y conduit tous les ans de la Tournelle, & que les RR. PP. Mathurins vont racheter en Barbarie de temps en temps. J’étois dans un saisissement mortel ; car j’ai lu la liste des tourmens que l’on fait souffrir aux pauvres chrétiens qui ne veulent pas se faire recevoir dans la religion de ces pays-là. Voilà ce que c’est que d’avoir un peu de lecture. Mais j’avois déjà pris mon parti en galant homme sur cela, quand j’ai vu la frégate se remorquer, & passer son chemin ; elle étoit même déjà bien loin de nous, que je craignois encore qu’il ne lui prît quelque répit, & qu’elle ne revirât de bord. Cette frégate se nommoit, à ce qu’on m’a dit après, la Parfaite, de dix hommes & de huit chevaux d’équipage, du port de je ne me souviens plus combien de tonneaux de cidre, chargée de marchandises d’épiceries, & commandée par le capitaine Louis-George Freret, faisant route de Rouen à Paris. Cela me donna occasion de demander si la compagnie des Indes passoit aussi par-là quand elle alloit chercher de ces belles toiles d’Hollande au Japon ? si nous étions encore bien éloignés du cap Breton ? si nous ne courions point risque