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à Saint-Cloud

la tête aux pieds, je descendis pour me mettre à table : j’y officiai très bien, & je fis tant d’honneur à mes hôtes, que tout le monde m’en fit compliment. Il faut avouer que le métier de marin est bien séduisant, puisque, quand une fois on est sorti du péril, on l’oublie : je ne pensai plus aux dangers que je venois de courir, que pour en faire le récit à la compagnie, qui rit beaucoup de ma simplicité ; & ma naïveté paya mon écot. Après le dîner, on proposa une promenade au parc, pour m’y faire voir les eaux qui devoient jouer ce jour-là : nous arrivâmes au château, dont les dehors surprirent ma vue. Mon ami, qui avoit été enfant de chœur aux Innocens, connoissoit l’organiste du château (car tous les musiciens se connoissent) ; il le demanda, &, par son canal, on nous laissa voir tous les appartemens ; car il a un grand crédit auprès des garçons de la chambre. Ce fut pour lors que je ne fus plus à moi, tant j’étois enchanté. On me fit voir dans une glace la perspective de Paris, qui m’amusa beaucoup. La richesse des ameublemens & la beauté des peintures me firent perdre de vue ma chère Henriette ; je la perdis avec ma compagnie, que je ne retrouvai qu’après bien des recherches, dans l’oran-