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Le Songe

vous avoir connu. Je voudrois que ceux qui ſe ſont mêlés de notre mariage fuſſent dans la rivière. Voilà comme elles apoſtrophent ordinairement leurs maris, qui ſont quelquefois contraints & à force de perſécution, d’éloigner de chez eux père, mère, frères & ſœurs, & d’abandonner le champ de bataille pour avoir la paix.

Dès qu’elles ſe voient maîtreſſes de la maiſon, & qu’elles ſont délivrées de la préſence de ces fâcheux, qu’elles regardoient comme autant d’eſpions de leur conduite, elles ne ſongent plus qu’à ſe bien divertir, & à contenter toutes leurs convoitises. Si les maris, rebutés de leurs bizarreries & de leurs injuſtices, changent de ſentiment à leur égard, & ſe trouvent dans l’impoſſibilité de leur témoigner de l’empreſſement ; elles ne conçoivent point qu’elles méritent leur froideur, & qu’on ne peut aimer ſon bourreau : elles ſ’en plaignent à tout le monde & font des éclats ridicules. J’en ai connu une qui fit un procès à ſon époux pour un ſemblable ſujet. On en a fait un conte en vers, qui ne prouve pas moins l’injuſtice des femmes, que l’abus d’une ancienne juriſprudence à préſent abolie. Le voici.