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Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1905-06.pdf/154

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lirai d’autres. Sais-tu que tu n’es pas encore venue chez moi ?

— C’est vrai.

— Quand viendras-tu ?

— Quand tu voudras.

— Jeudi ?… samedi en huit ?

— Samedi en huit plutôt : cela dépendra de mère.

— Comment va-t-elle, ta mère ?

— Aussi bien que possible ; seulement, elle est si délicate.

— Tu sais que c’est très facile de venir chez moi. Tu as le tram à ta porte…

— Écoute ! interrompit Charlotte d’un ton d’effroi. (Six heures sonnaient à l’église Sainte-Croix.)

— Quoi ! déjà six heures !

— Oui ! Comme nous allons être grondées ! »

Elles se levèrent d’un bond et, se tenant par la main, gravirent la berge en courant. Arrivées en haut, elles s’arrêtèrent, riantes et essoufflées.

« Quand te reverrai-je ? demanda Charlotte. Demain.

— Tu viendras encore me chercher ?

— Oui.

— Adieu, ma Madeleine.

— Non, pas adieu ; ne dis pas ce mot-là… Au revoir.