Aller au contenu

Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
ANTÉE

voiler, assez dense pour enlever à la lumière un excès d’éclat. C’est à elle que le site doit son incomparable beauté ; elle prête aux choses un aspect velouté, on ne sait quelle miraculeuse fraîcheur, semblable au duvet de certains fruits, qui complète l’impression d’édenique virginité dégagée par le paysage.

Voici l’heure où chaque forme reprend sa valeur un instant perdue. Tous les contours que le soleil de midi noyait dans son flamboiement, apparaissent maintenant profilés par l’oblique lumière, qui, en outre, avive étrangement toutes les couleurs. Il y a sur la colline opposée un bois de bouleaux dont les mille silhouettes se dessinent avec une netteté si douce, une si suave intensité de coloris, que le regard en est charmé. On croit voir un peuple de créatures jeunes et saines qui vivent là dans une heureuse sérénité ; et il se mêle de l’amour et une obscure envie à la joie que procure leur aspect.

Au delà se déroule l’innombrable mouton­nement des cimes forestières, qui, de versant