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Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/61

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LA TÉNÉBREUSE
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d’ajouter avec un sourire contraint, “ n’en parlons plus. C’est une affaire enterrée : nous trouverons autre chose... ”.

Immobile, un coude appuyé contre la croisée, la Ténébreuse ne répondit pas. Il y eut un instant de silence. Derlon alors se leva — “ À présent, ajouta-t-il je pense qu’il vaut mieux que je vous laisse.. Vous êtes un peu énervée encore.. Vous m’en voudrez moins lorsque je ne serai plus devant vous... ” Il ramassa son chapeau, ses gants, et l’ayant saluée de loin sans oser approcher, humblement il s’éloigna. Comme il allait refermer la porte, cependant, la Ténébreuse vivement s’élança derrière lui, et avec effort — “ Venez me chercher demain, fit-elle, ainsi que vous me l’avez proposé : j’irai !.. ” Bouleversé, Derlon se redressa, voulut remercier, mais elle lui mit la main sur la bouche et doucement le poussa dehors.

En rentrant dans la chambre, elle parut surprise d’apercevoir les jeunes femmes — Comment ! vous étiez là, vous autres ! ” fit-elle.

— “ Oui, nous étions là, ” répondit Boboli, avec dignité — “ C’est même bien contrariant ce qui se passe !... On se dépêche de rentrer, on est pleine de bonne humeur, et vlan, on tombe sur une scène !. Ma parole, tu nous gâtes tout notre