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LES FUNÉRAILLES DE FRANCINE CLOAREC


I


Quand les croque-morts se furent arrêtés devant le numéro onze de l’impasse de Guelma, ils jetèrent sur la haute maison sale un regard qui la parcourut de la base au sommet. À quel étage pouvait bien être la morte ?… Aucun volet fermé ne guidant leur investigation, après un échange de paroles brèves durant lesquelles on les vit former un groupe très obscur sur la neige, ils pénétraient à la file dans le couloir béant, par où leur besogne devait s’accomplir. Derrière eux, cahin-caha, sous la conduite d’un vigoureux gaillard à épais bicorne, le corbillard des pauvres arriva au petit trot d’une vieille jument pisseuse.

La loge du concierge était close, mais l’escalier, plein de tapage, retentissait sous les coups d’un balai agile, dans le silence de la matinée.

— Hé ! l’portier ! on d’mande l’portier, cria l’un des croque-morts, tandis que ses camarades tapaient leurs gros souliers neigeux sur le carrelage du couloir.

— Voilà ! voilà ! Qu’est-ce qu’on me veut ? répondit une voix fraîche, une voix de jeune fille.

— C’est nous.

— Qui, vous ?

— Les pompes funèbres.