Page:Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu'au milieu du XIXe siècle.djvu/119

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Et il se met à raconter si agréablement,
Si doucement, si magnifiquement, comme si sur la mer
Fleurissait la fleur aimable du destin… Puis élevant la voix
Il se plaint, il pleure et, enfin, bruyamment,
Bruyamment et terriblement il crie et geint,
De dedans la tombe, il semble que les vieux appellent,
Qu’ils réclament
Des lances et des sabres,
Qu’ils veuillent avoir des nouvelles
De la horde du milan rapace,
Comme elle s’est gorgée sur le corps russe,
Comme elle s’est abreuvée de sang russe,
Comme le sabre russe l’a accueillie,
Comme il lui a arraché le cœur de sa lame courbée,
La couchant confortablement dans le désert,
Dans l’eau, l’étendant pour dormir dans la tombe.

Et de nouveau le bruissement se fait plus tendre
Comme le soir dans le crépuscule,
L’écho se répand peu à peu dans les plaines
Et erre ça et là dans les chênaies,
Comme s’il racontait quelque part à quelqu’un
L’apparition brillante de la beauté qui sera,
Comme sur les bords de la Mer Noire
Tout s’ornera de fleurs,
Comme sur l’étendue des steppes
On jouera gaîment,
Comme dans les eaux du Dniéper
Elle se baignera, mettra ses beaux vêtements
D’une aile légère,
Elle s’élancera vers le Dniéster ;
Dans le Dniéster tranquille
Elle se mirera,
Battra des ailes,
S’ébrouera,
Et sous le ciel, très haut
Planant comme un soleil
Elle s’élancera
Elle chantera
Et contera notre gloire
À travers le monde.

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