Page:Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu'au milieu du XIXe siècle.djvu/132

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Elle joue avec lui, lui chante,
Lui fabrique des voiturettes et les jours de fête
Ne le quitte pas de la main.

Nos vieux s’en étonnent
Et remercient Dieu,
Et la servante infatigable
Tous les soirs, la pauvrette,
Maudit son sort,
Elle pleure beaucoup, amèrement,
Et personne ne l’entend,
Ne le sait, ni ne la voit,
Excepté le petit Marc.
Et lui ne sait pas
Pourquoi la servante
Le baigne de ses larmes,
Il ne sait pas Marc pourquoi
Elle l’embrasse tant,
Elle ne mange, ni ne boit
Tout en le faisant manger.

Marc ne sait pas que dans son berceau,
Parfois au milieu de la nuit,
Il s’éveille et bouge
Et qu’elle saute aussitôt,
Le recouvre, le signe
Et le berce doucement ;
Elle entend de la pièce à côté
La respiration de l’enfant.

Le matin, Marc vers la servante
Étend ses petits bras
Et à Anna infatigable
Il donne le beau nom de mère.
Marc ne sait rien, il pousse,
Il pousse et grandit.

IV.

Pas mal d’années s’écoulèrent,
Pas mal d’eau coula sous les ponts,
Et le malheur visita la ferme,
Y faisant couler pas mal de pleurs.

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