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VIII.

Marc retourne de ses affaires,
Il chante en marchant,
Il ne se presse pas de rentrer,
Fait reposer ses bœufs.
Il porte à Catherine
Du drap bien cher,
Au père une ceinture brodée
De soie noire,
À la servante du brocat pour un bonnet
Et un bon foulard rouge
Ourlé de blanc ;
Aux enfants des souliers,
Des figues et des raisins,
Et pour tous il a acheté
Du vin rouge de Constantinople
Dans un baril assez grand,
Et du caviar du Don —
Il amène tout cela, ne se doutant pas
De ce qui se passe à la maison.

Il marche sans se presser.
Il arrive. Dieu soit loué !
Il ouvre la porte et remercie Dieu.
« Ne vois-tu pas, Catherine ?
Cours à son devant !
Il est arrivé ! Cours vite,
Vite, fais-le entrer.
Je te remercie, Seigneur Dieu,
J’ai eu la force de l’attendre ! »
Et la servante bien doucement dit le « Notre père »
Comme si elle rêvait.

Le vieux dételle les bœufs,
Met à sa place le joug sculpté,
Et Catherine regarde son Marc.
« Et où est Anna, Catherine ?
Moi qui arrive sans m’inquiéter !
Elle n’est pas morte ? »
Elle n’est pas morte ? » « Non, elle n’est pas morte,
Mais elle n’ira pas loin.

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