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La résine, le soufre, le naphte bouillonnaient,
Échauffés par un feu d’enfer.
Tous les pécheurs étaient assis dans la poix,
Rôtissaient au feu et se cuisaient,
Comme ils l’avaient mérité sur terre.
Il n’est pas possible de reproduire avec la plume,
Ni de dire avec des mots
Toutes les merveilles qu’on y voyait.

On y tourmentait les seigneurs
Et on les grillait sur toutes les tranches,
Parce qu’ils n’avait accordé aucun répit aux gens
Et les avaient traités comme des bêtes ;
Pour ce motif ils devaient charrier le bois,
Faucher les joncs dans les marais,
Et les porter pour allumer le feu.
Des démons étaient là pour les surveiller,
Les faisant marcher avec une verge de fer,
Si par hasard l’un d’eux s’arrêtait.

À tous les gros bonnets sans distinction,
Seigneurs grands et petits et serviteurs,
On distribuait à l’enfer de bonnes volées,
À chacun selon mérite, comme à des chats.
Il y avait là tous les maîtres de corporations,
Les conseillers et les bourgmestres,
Les juges, leurs suppléants et les greffiers,
Ceux qui n’avaient pas rendu légalement la justice,
Mais s’étaient contentés de prévariquer
Et de ramasser les épingles.

Ceux qui n’avaient pas su tenir leurs femmes
En main et leur avaient lâché la bride,
Les laissant aller aux noces,
Pour prendre part à la farandole,
Où elles s’amusaient jusqu’à minuit
À rôtir le balai,
Ils étaient là assis en chapeaux
Ornés de magnifiques cornes,
Les yeux continuellement fermés,
Dans des chaudrons de soufre bouillant.

Et tous les philosophes raisonneurs,
Qui avaient appris au monde à ergoter ;

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