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Page:Anthologie des poètes du Divan, 1923.djvu/56

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Mais ceux que nos livres blessent,
Qu’ils les laissent :
Nous n’écrivons pas pour eux !
Seuls nous plaisent les suffrages
De ces sages
Que l’on nomme paresseux.

Assis non loin de la route,
Sous la voûte
D’un hêtre au feuillage épais,
Nous célébrons ensemble
L’eau qui tremble,
Sa fraîcheur, l’ombre et la paix…

6

Ce soir encore tu te lèves,
Ô lune, amicale clarté :
Et, dans le jardin enchanté.,
Tu viens nourrir mes tendres rêves.

Plus tard, dans ce même jardin,
Ô lune, que de soirs encore,
Tu chercheras, jusqu’à l’aurore,
À me revoir — hélas ! en vain…



DE PROFUNDIS


Du plus profond de la tranchée,
Nous élevons les mains vers vous,
Seigneur : Ayez pitié de nous
Et de notre âme desséchée !

Car plus encor que notre chair,
Notre âme est lasse et sans courage.
Sur nous s’est abattu l’orage
Des eaux, de la flamme et du fer.

Vous nous voyez couverts de boue,
Déchirés, hâves et rendus…
Mais nos cœurs, les avez-vous vus ?
Et faut-il, mon Dieu, qu’on l’avoue ?