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J. M. DE HEREDIA ET LEGONTE DE LISLE


… Toutefois ce n’est pas pour la matière poétique plus ou moins ouvragée, si abondamment qu’il la lui ait prise, que de Heredia doit le plus à Leconte de Lisle. « Mon titre le plus sûr à quelque gloire sera d’avoir été votre élève bien aimé », lui dit-il dans l’avant-propos de son livre. Il eût pu préciser ainsi : « Je devrai ma renommée à l’heureuse fortune qui m’a fait votre élève, parce que c’est à elle que je dois ce que j’ai de talents. » Tout son art, en effet, il le tient de Victor Hugo, mais par Leconte de Lisle. Celui-ci, avec une perspicacité surprenante, a démêlé tous les procédés louables dont a usé dans le tableau ou l’épopée celui-là ; il les a pratiqués avec une extrême habileté et enseignés. Tout ce qu’il y a de bon dans la technique de Victor Hugo épique et descriptive se retrouve dans Leconte de Lisle ; tout le métier si riche de Leconte de Lisle est dans Victor Hugo. De Heredia est un Leconte de Lisle artiste plus raffiné encore ; c’est un fils qui est entré dans les travaux du père et qui a mieux compris et réalisé leur commun idéal. Achever ce qui, dans les poètes antérieurs, semblait le plus achevé ; « surpasser » ses prédéces-