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Page:Antilly - Avant l’amour, paru dans Le Journal pour tous, 17 novembre 1897.djvu/11

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rée, dans le développement de sa thèse très complexe, et qui pourrait se résumer en ces deux principales formules : « L’amour s’achète par l’expérience personnelle et ne se trouve pas tout à fait dans le mariage, comme veulent le laisser croire les hypocrisies sociales et la lâcheté intéressée des pères et des mères ». Et : « Une fille ne saura vraiment si elle aime qu’après avoir fait le don entier d’elle-même à celui qu’elle aura choisi. »

Avant l’Amour est un livre hardi, neuf et intransigeant, on peut en juger par cette courte esquisse.

La femme de « demain », sans préjugés, sans attaches religieuses, dénuée de sentimentalité, mais sincère, droite et logique, s’y montre dans toute son ampleur. Marianne — l’héroïne — a su bien vite arracher de son âme le peu d’herbes légères que son éducation première et une insuffisante religiosité y avaient semées. Elle est une ardente, une imaginative, une sensuelle, qui ne discute avec sa passion que pour l’âpre joie de prolonger le débat, mais non pour la vaincre. Et, telle qu’elle est, à la veille de ce xxe siècle si proche, elle nous fait voir, plus encore que pressentir, la jeune fille des générations futures, émancipée, maîtresse d’elle, et sans aucun lien dans le passé.