Page:Anville Nouvel atlas de la Chine - Page05.jpg

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de Tche-kiang & de Fo-kien furent données à faire aux PP. de Mailla & Henderer ; les PP. Fridelli & Bonjour eurent les Provinces de Se-tchuen & d’Yun-nan : mais l’un de ces Peres étant mort & l’autre tombé malade, le P. Regis acheva en 1715. la Province d’Yun-nan ; après quoi ce Pere se joignit au P. Fridelli qui avoit repris ses forces, & leva avec lui les Provinces de Koei-tcheou & de Hou-quang. Tout cela étant achevé en 1716. les Missionaires assemblez à Pe-king travaillèrent, sous la direction du P. Jartoux, à la réünion de toutes ces Provinces dans une Carte générale, qui fut présentée à l’Empereur en 1718.

Le Thibet n’a été levé, ni suivant la même méthode, ni par les Missionaires. On a été obligé de s’en rapporter aux Routiers les mieux détaillez & au compte qu’en rendirent les Tartares du Tribunal des Mathématiques, envoyez exprès par l’Empereur pour mesurer ce Pays, mais instruits & dirigez par les Jésuites. Pour ce qui est de la Core’e, comme il n’a pas été possible aux Missionaires d’y pénétrer, on convient qu’elle n’a pas été dressée par eux. Cette espece de défaut, si l’on veut, ne doit pourtant point prévenir contre sa perfection. Il est à croire, au contraire, que si Carte doit passer pour exacte, ce doit être celle-ci, puisqu’elle a été levée originairement par des Géographes Coréens, par les ordres même du Roi, & que l’Original s’en conserve dans son Palais. C’est sur cet Original qu’a été tirée celle qu’on donne ici ; & il est probable que les Missionaires en examinant & déterminant les frontières de ce Royaume du côté du Nord, n’ont trouvé aucune différence notable entre leurs observations & les limites marquées sur ladite Carte, puisqu’ils n’auroient pas manqué d’en faire mention. Cette circonstance seule semble répondre de son exactitude.

Au reste, toutes les Cartes ayant été mises au même point & sous une projection générale, les Originaux furent présentez à S. M. T. C. par le P. du Halde, tels qu’il les avoit reçus des Missionaires, & se conservent dans la Bibliothèque du Roi. Avant que d’être mises entre les mains des Graveurs, elles ont passé par celles de Mr. d’Anville, Géographe ordinaire de S. M. qui les a rédigées, & qui en a formé ensuite les Cartes générales. Il s’est servi pour celle de la Tartarie des Mémoires du Pere Gerbillon, en les comparant avec les Cartes particulières; & pour en remplir le quarré, il a ajouté le Japon & quelques Terres plus septentrionales. Dans la Carte générale du Thibet, les particulières ont servi de base, mais le long des confins de ce Pays avec l’Indostan, on s’est aidé des connoissances positives qu’on a pû prendre de ce côté-là. Enfin, comme les Missionaires avoient eu quelques connoissances, quoiqu’imparfaites des Pays situez entre le Thibet, la Tartarie & la Mer Caspienne. Mr. d’Anville en a fait usage dans la Carte la plus générale de toutes, après les avoir comparées & jointes à ce qu’il a pû en sçavoir d’ailleurs.

Voilà en abrégé ce que le P. du Halde nous en apprend. Ceux qui auront lû ce détail dans la Préface même, n’auront qu’à sauter cet Avertissement qui ne leur apprendra rien de nouveau, & qui est uniquement pour les Personnes dont la curiosité s’étend moins à la Description même de la Chine, qu’aux Cartes géographiques de ce grand Empire.

Mais comme entre autres Pays que Mr. d’Anville a ajoutez sur la Carte la plus générale, ainsi que nous venons de le dire, se trouve celui de Bochara, ou la Boucharie, dont le P. du Halde fait à peine mention à la page 64. du IVTome ; nous avons ajouté une petite Relation de cette partie de la Tartarie qui na jamais encore été imprimée. Elle nous a été communiquée par une personne de qualité, qui la tient elle-même de l’Officier Suédois qui en est l’Auteur. C’est un nouveau mérite que notre Edition a sur celle de Paris,& nous mus flattons que le Public nous en tiendra compte.