Page:Apollinaire - Œuvres poétiques (extraits Poèmes à Lou), 1959.djvu/27

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Ce matin vint une mésange
Voleter près de mon cheval
C’était peut-être un petit ange
Exilé dans le joli val
Où j’eus sa vision étrange

Ses yeux c’était tes jolis yeux
Son plumage ta chevelure
Son chant les mots mystérieux
Qu’à mes oreilles on susurre
Quand nous sommes bien seuls tous deux

Dans le vallon j’étais tout blême
D’avoir chevauché jusque-là
Le vent criait un long poème
Au soleil dans tout son éclat
Au bel oiseau j’ai dit Je t’aime !

2 fév. 1915.