Page:Apollinaire - Calligrammes.djvu/132

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Oui je crois qu’ils viennent de la vie d’une sorte de vie qui est dans l’avenir dans l’avenir brut qu’on n’a pu encore cultiver ou élever ou humaniser

Dans ce grand vide de mon âme il manque un soleil il manque ce qui éclaire

C’est aujourd’hui c’est ce soir et non toujours
Heureusement que ce n’est que ce soir
Les autres jours je me rattache à toi

Les autres jours je me console de la solitude et de toutes les horreurs

En imaginant ta beauté
Pour l’élever au-dessus de l’univers extasié
Puis je pense que je l’imagine en vain
Je ne la connais par aucun sens
Ni même par les mots
Et mon goût de la beauté est-il donc aussi vain
Existe-tu mon amour
Où n’es-tu qu’une entité que j’ai créée sans le vouloir
Pour peupler la solitude

Es-tu une de ces déesses comme celles que les Grecs avaient douées pour moins s’ennuyer

Je t’adore ô ma déesse exquise même si tu n’es que dans mon imagination