Page:Apollinaire - Calligrammes.djvu/152

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Puis les temps sont venus les tombes se sont ouvertes
Les fantômes des Esclaves toujours frémissants
Se sont dressés en criant SUS AUX TUDESQUES
Nous l’armée invisible aux cris éblouissants

Plus doux que n’est le miel et plus simples qu’un peu de terre

Nous te tournons bénignement le dos Italie
Mais ne t’en fais pas nous t’aimons bien
Italie mère qui es aussi notre fille

Nous sommes là tranquillement et sans tristesse

Et si malgré les masques les sacs de sable les rondins nous tombions

Nous savons qu’un autre prendrait notre place
Et que les Armées ne périront jamais

Les mois ne sont pas longs ni les jours ni les nuits
C’est la guerre qui est longue

Italie

Toi notre mère et notre fille quelque chose comme une sœur

J’ai comme toi pour me réconforter
Le quart de pinard
Qui met tant de différence entre nous et les Boches

J’ai aussi comme toi l’envol des compagnies de perdreaux des 75