Page:Apollinaire - Calligrammes.djvu/185

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        Non chevaux barbes mais barbelés
                Et je les anime tout soudain
        En troupeau de jolis chevaux pies
Qui vont vers toi comme de blanches vagues
                      Sur la Méditerranée
            Et t’apportent mon amour
Roselys ô panthère ô colombes étoile bleue
                            ô Madeleine
Je t’aime avec délices
Si je songe à tes yeux je songe aux sources fraîches
Si je pense à ta bouche les roses m’apparaissent
Si je songe à tes seins le Paraclet descend
              Ô double colombe de ta poitrine
Et vient délier ma langue de poète
              Pour te redire
              Je t’aime
Ton visage est un bouquet de fleurs
      Aujourd’hui je te vois non Panthère
                            Mais Toutefleur
Et je te respire ô ma Toutefleur

Tous les lys montent en toi comme des cantiques
d’amour et d’allégresse

Et ces chants qui s’envolent vers toi
                      M’emportent à ton côté
                Dans ton bel Orient où les lys
Se changent en palmiers qui de leurs belles mains