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Page:Apollinaire - Histoire de Mlle Brion, dite comtesse de Launay.djvu/64

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histoire de Mlle brion

dès ce soir je lui entendrai dire dans mes bras ; « Oui, ma chère de Launay, je vous adore et n’adore que vous. » Espoir flatteur, jouissance d’illusion, et qui faites pourtant goûter un bonheur réel ; sensation inconnue aux âmes qui n’ont point véritablement aimé, vous remplissiez mon âme tout entière : je n’existais plus que par vous ; quand Manon, qui m’avait entendu soupirer, entra dans ma chambre : je ne lui donnai point le temps de me demander ce que j’avais : je courus à elle et lui contai tout l’excès de mon bonheur, et la forçai à le partager : elle fut sensible à toutes mes caresses, et me promit de me servir de tout son pouvoir.

Je fus fort étonnée de voir rentrer M. L… Je lui demandai s’il m’amenait M. de la V… ; il me dit qu’il ne