Page:Apollinaire - Histoire de Mlle Brion, dite comtesse de Launay.djvu/88

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des coups de griffe : les cartes se brouillèrent. Je vis bien alors le tort que j’avais eu de m’engager. Mon cher de la V…, plus adroit que le matou, ne me permettait pas de m’échapper. Me trouvant prise, je lui proposai le pari nul. Il me dit que non ; mais que si je perdais, il me proposait ma revanche. Voyant qu’il fallait céder à la force, je voulus du moins mourir comme je m’étais défendue et périr en Romaine. Le poignard était levé, je volai au-devant de la mort. Percée de mille coups, j’adorais, en expirant, le vainqueur qui me les portait : mon âme était prête à m’abandonner ; j’ouvrais une faible paupière pour jouir, en expirant, du plaisir de mourir vengée. Mon cher ennemi, frappé des mêmes coups qu’il me portait, semblait même, en triom-