Page:Apollinaire - Histoire de Mlle Brion, dite comtesse de Launay.djvu/93

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M. L… à me suivre chez le commissaire Le Conte ; je lui peignis l’offense que j’avais reçue avec tout le désespoir que m’en prêtait le souvenir. M. L… ne répondait qu’en disant que j’étais une coquine, qu’il allait, en sortant de chez lui, me faire enfermer. Manon prit la parole et dit qu’il était vrai que j’avais été assez malheureuse pour l’aimer, que je portais même dans mon sein un gage de ma faiblesse et un témoin qui me préparait peut-être une éternité de regrets. Le commissaire Le Conte, bon homme dans le fond, fut sensible à l’éloquence de Manon et parut touché de mon état ; il travailla à nous raccommoder. Le premier mouvement de M. L… était passé : la nature, qui parlait chez lui, le trompait en ma faveur. Il fut flatté que je le