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lique, Marguerite et Marthe », a été poursuivi pour outrages à la morale publique et aux bonnes mœurs, mais la décision judiciaire ne se trouve point au Moniteur.


63. — Julie ou J’ai sauvé ma rose, par Mme de C***, (Choiseul-Meuse). Publié par P.-L. Jacob., Bibliophile. — Bruxelles, Gay et Doucé, 1882.

2 vol. in-16, de xi-169 et 288 pp, sur Hollande avec 2 figures (non libres) de Chauvet. sur Chine volant.

Citons la Notice de l’édition Gay et Doucé de Julie (1882) ; elle semble décider qu’il faut bien attribuer ce roman à Mme de Choiseul-Meuse.

« Il est vraiment à regretter que ce roman de femme, si fin, si délicat, si ingénieux, si instructif pour les hommes, soit gâté par quelques traits d’indécence et de libertinage, surtout vers la fin, qui n’aboutit pourtant pas à un dénouement prévu, espéré et décisif : il mériterait alors d’être cité et classé parmi les œuvres les plus remarquables de la littérature féminine. C’est, en effet, un ouvrage charmant, écrit du meilleur style, à part quelques exagérations de langage qui se ressentent de l’époque où il a été composé. L’auteur a fait, sans s’en douter, une étude morale sur ce qu’on nomme la flirtation en Angleterre, et sur les préludes voluptueux de l’amour, que nos pères, les bons Gaulois, avaient compris dans cette expression aujourd’hui presque inintelligible, bien qu’on la rencontre souvent chez les anciens auteurs français : la Petite Oie.

« L’auteur de Julie ou J’ai sauvé ma rose eût été bien étonné et sans doute fort scandalisé du rapprochement, si quelqu’un de ses contemporains lui avait dit tout crûment : Vous avez fait, Madame, une description variée de la Petite Oie, en 2 volumes. Personne, en 1870, n’aurait imaginé que des héros de romans pussent s’amuser et amuser leurs lecteurs ou leurs lectrices, avec cette Petite Oie, qui ne figure pas dans l’Histoire naturelle de Buffon.

« Ce joli roman eut pourtant un grand succès, à cause de son titre allégorique, qui n’avait rien d’incompréhensible pour les plus innocents : Julie ou J’ai sauvé ma rose. Tous les poètes du xviiie siècle avaient consacré d’innombrables vers à cette rose emblématique, qui avait été célébrée, dès le xive siècle, dans le fameux Roman de