Page:Apollinaire - L’Hérésiarque et Cie.djvu/199

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de force, et puis il me manquait cette sainte terreur, ce formidable danger qui avait réveillé les instincts d’Honoré Subrac…

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Je ne l’avais point vu depuis quelque temps, lorsqu’un jour, il arriva affolé :

— Cet homme, mon ennemi, me dit-il, me guette partout. J’ai pu lui échapper trois fois en exerçant ma faculté, mais j’ai peur, j’ai peur, cher ami.

Je vis qu’il avait maigri, mais je me gardai de le lui dire.

— Il ne vous reste qu’une chose à faire, déclarai-je. Pour échapper à un ennemi aussi impitoyable : partez ! Cachez-vous dans un village. Laissez-moi le soin de vos affaires et dirigez-vous vers la gare la plus proche.

Il me serra la main en disant :

— Accompagnez-moi, je vous en supplie, j’ai peur !

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Dans la rue, nous marchâmes en silence. Honoré Subrac tournait constamment la tête, d’un air inquiet. Tout à coup, il poussa un cri