Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/127

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femme ! N’est-ce pas insulter la génération ? Ce pouvoir créateur de l’homme cesse-t-il pendant la grossesse de son épouse ? Et pourquoi, pendant qu’elle dure, interdire à l’époux de procréer ? Croissez et multipliez, enfants des Dieux ! La volupté nous divinise, nous montons au paradis quand nous la ressentons. Naissez, naissez, fils et filles des Saints, croissez et multipliez au nom de Merer, par Odiroth, Merevoss, Marinikambinissim… »

« Et il continua à parler ainsi dans une langue révélée et l’émotion du peuple entier des Mormons et des Gentils fut à son comble et tous les yeux brillaient comme des gemmes ignées. Puis, des cris perçants sortirent de la foule, pendant que le Prophète parlait. Les bras s’agitèrent, des femmes enceintes riaient si fort que, ne pouvant plus supporter le poids de leur ventre secoué, elles tombaient sur le sol. On entendait des chants extravagants et les Indiens poussaient des exclamations gutturales qui avaient un son de glas, puis