Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/129

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tonnante et se penchait maintenant pour regarder dans les yeux ces aboyeurs qui s’approchaient de lui, à quatre pattes, qui grognaient, qui montraient les dents.

« Alors il ôta sa redingote et l’agita au-dessus de sa tête en poussant des cris inarticulés et tous ces chiens de folie se relevèrent et la place soudain devint immobile et le Prophète reprit son prêche en langue révélée.

« Bientôt des convulsions saisirent ce peuple frénétique ; les femmes grosses avaient des spasmes violents comme si elles allaient accoucher ; des hommes se contorsionnaient comme un linge que l’on tord et une troupe de femmes courait à reculons autour de la place et leurs têtes se désarticulaient par enthousiasme au point que la face se trouvait maintenant du côté du dos. Les yeux des Indiens étaient sortis des orbites et pendaient sur le visage comme des araignées accrochées à leur toile. Le jerk convulsait tout, les habitants, la cité. Leurs visages transformés étaient méconnaissables et leur phy-