Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

allaient comme le vent et le cocher qui les guidait était le plus gros que l’on sût voir. »

Dès l’enfance, Elvire eut un esprit délié et une mémoire remarquable. Elle n’a jamais été croyante, mais n’a jamais cessé d’être superstitieuse. Ses rêves ont toujours été tournés vers les choses de l’amour. C’est ainsi qu’enfant, elle rêvait d’épingles, de pieux ou de barrières, ce qui, au témoignage d’une certaine école, indique des destinées charnelles nettement accusées.

Son premier amant fut un médecin, homme marié, à la fois très gentil et très débauché. Il la prit alors qu’elle avait quinze ans. Il en avait trente-six. Elle était légèrement malade et il était venu pour lui donner des soins. C’était un de ces hommes maigres qui connaissant tous les raffinements de l’amour, corrompent l’esprit des femmes sans savoir s’en faire aimer sincèrement. Leur liaison débuta par un scandale, car la mère d’Elvire découvrit le pot aux roses et le suborneur