Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/162

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constamment d’un côté où se tenait la troupe des épouses du Prophète. L’épouse no 19 se tournait souvent vers l’officier et leurs yeux avaient la couleur du myrte mouillé. Ils étaient séparés par un groupe où se tenait un juif nommé Chéri de Mendoza, qui s’était incliné au moment où avaient passé, pompeusement disposés sur le char, les papyrus autographes d’Abraham. Il avait ensuite repris une vive discussion avec le chef ute Milopitz qui se tenait près de lui et qui lui répondait brièvement en un anglais guttural, sans f. à cause de l’impossibilité où sont les gens de sa race à prononcer cette consonne. L’Ute avait abordé Chéri de Mendoza en l’appelant mon frère et le juif, qui ne le connaissait pas, lui avait demandé la raison de cette familiarité.

« — Ne savez-vous pas, avait répondu l’Indien, qu’au témoignage des mormons, nous sommes de la même race. »

« Et Chéri de Mendoza avait réfléchi tête baissée pendant le passage des reliques d’Abraham.