Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/176

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la bride le Danite éblouissant qui l’avait reprise à ses ravisseurs.

« Lubel Perciman l’attendait et lui fit fête. Toutefois on ne vit point paraître ce jour-là, ni durant la semaine qui suivit Brigham Young dont l’épouse préférée avait pris la fuite d’une façon définitive.

« Quand la nuit fut devenue silencieuse, tandis que la lune versait une lueur froide et vive, l’elder Lubel Perciman, bien rasé, vêtu d’un pantalon de toile bleue, les pieds nus dans des mocassins ornés de verroteries versicolores, voulut connaître dans toute son étendue le bonheur conjugal et pénétra dans la chambre de Paméla. Il souriait, sachant qu’au dehors les Danites veillaient sur la félicité des mormons. Les pâles étoiles supportaient à l’infini les dieux de toute puissance et, plus loin que ces dieux, d’autres dieux plus puissants encore emplissaient la plénitude du monde d’une énergie incréée et sans limites.

« Avant tout, l’elder Lubel Perciman, soulevant le flambeau qu’il tenait à la