Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/183

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ter l’histoire d’une dame de la société d’O… qui, déguisée en Mauresque, parcourt les cafés pour dire leur fait aux embusqués et leur intimer l’ordre de partir sur le Front.

Le Permissionnaire assista à des couchers de soleil merveilleux où le ciel s’emplissait de roses ardentes, de lilas flamboyants et de violettes phosphorescentes.

Il s’arrêta parfois dans les faubourgs pour écouter les petites fillettes des écoles, petites Françaises, petites Espagnoles et petites Mauresques qui chantaient des rondes nouvelles en sautant à la corde :

        A. B. C. D.
        Les Français ont gagné,
        Les All’mands ont perdu,
        Le Kaiser sera pendu.

Ou cette ronde-ci qui a deux couplets :

        Ah ! mon Dieu ! quell’ triste année !
        Tout le mond’ mobilisé.
        Ya des morts et des blessés,
        Il y a mêm’ des prisonniers.