Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/188

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d’un régiment voisin. Ce gradé, chargé d’un énorme barda, conduisait un petit détachement et, un monocle suspendu à un cordonnet de soie, se balançait élégamment devant lui. C’était le caporal Gabriel Boissy et, durant quelques minutes, ils parlèrent sans aigreur, avec commisération même, des embusqués de leur connaissance.

Il reprit la dure et périlleuse vie du sous-lieutenant, chef de section dans les tranchées tragiques de la Champagne pouilleuse, où moi-même j’ai entendu un jour, près de l’Arbre de la côte 193, cette réponse héroïque :

« Mais, nom de d’là, tu es blessé et tu ne le dis pas. Fallait crier, mon vieux ! »

« Crier ! T’es pas fou ! ce mort qu’est là s’plaint pas, crie pas ; je m’serais fait honte de crier en n’étant que blessé. »

Au demeurant, voici quelques remarques touchant le fantassin du front :

Tous les fantassins méritent la croix de guerre et tous ne l’ont point.