Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/200

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Est-ce lui ? Rien n’est demeuré de ce qui pouvait le faire reconnaître. Où est le fin clocher ? Où sont les vergers qui l’entouraient jadis et qui, au printemps, le ceignaient d’une guirlande fleurie ? Où est le petit château, cette merveille de grâce qui depuis la Renaissance se mirait dans l’étang ? Où est l’usine dont la haute cheminée était ce que le XIXe siècle avait apporté dans le pays de plus caractéristique en fait d’architecture ? Pas de doute cependant, voici l’étang et quelques pans de murs, restes du château ; voici le cimetière qui paraît s’être agrandi ; voici les ruines de l’église ; voici la maison natale d’A… D… La voici entre d’autres maisons semblables ; de chacune d’elles, il reste deux murs nettement silhouettés qui se terminent en forme de brisques, attestant ainsi la durée de la guerre et des blessures…

Mais, Dieu ! que ces ruines sont vivantes ! Les décombres ont été déblayés. Partout on a fait place nette et, au flanc du coteau, un bivouac s’est établi, dans