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Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/208

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train fût accompli, M. Pandevin pensa :

« — Ce cocher a ma valise et des papiers qui après tout ne me sont pas indispensables. Il attendra, trouvera mon adresse sur la valise et se fera payer chez moi. »

« Et il s’en fut prendre son train qui ne partit que deux heures plus tard, car il y a belle lurette que les horaires ne sont plus respectés. Au Havre, il prit le bateau pour l’Amérique et ne pensa plus au cocher.

« Celui-ci attendit patiemment son client et se dit au bout de vingt minutes : « Ce n’est plus à la course, c’est à l’heure. »

« Puis il se remit à attendre philosophiquement.

« À midi, il se fit apporter à déjeuner par un camelot, descendit pour manger et, de crainte que l’on emportât sa valise, la serra dans son coffre sous le siège. Le soir il dîna comme il avait déjeuné, donna le picotin à son cheval et continua d’attendre jusqu’au dernier train, après minuit.