Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/22

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bals masqués. La mode féminine se prêtait si bien au travesti que les femmes déguisaient leurs cheveux sous des couleurs éclatantes et délicates qui rappelaient celles des fontaines lumineuses qui m’étonnèrent, quand j’étais enfant, à l’exposition de 1889. On aurait dit encore des lueurs stellaires et les Parisiennes à la mode avaient droit, cette année, qu’on les appelât des Bérénices, puisque leurs chevelures méritaient d’être mises au rang des constellations.

Tout naturellement les bals de l’Opéra avaient ressuscité. Et la plaisanterie grivoise du premier de ces nouveaux bals de l’Opéra où chaque femme recevait une boîte fermée à clef, tandis que chaque homme recevait une clef, à charge pour lui de trouver la serrure de sa clef, paraissait d’excellent augure pour la gaîté générale. La vie semblait devenir légère et peut-être plus tard, quand avec le tango, la maxixe, la furlana, la guerre et ses « bombes funèbres » seront oubliées, dira-t-on de l’époque pacifique de l’an