Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

À ce moment passa un aviateur allemand que connaissait l’officier :

« Tiens, Fritz, dit celui-ci, voici une branche de laurier. Tu la mérites, garde-la. Mais examine bien la tige pour voir si elle ne contient aucun billet. C’est un journaliste neutre qui a donné cette branche de laurier à une de mes prisonnières et avec les neutres on ne sait jamais ; ils finissent toujours par sortir de leur neutralité. »

Fritz prit la branche de laurier, l’examina, s’assura si elle ne contenait rien de suspect et enfin l’arbora fièrement à son béret.

À sa première sortie, quelques jours plus tard, il s’en fut survoler les lignes françaises et les dépassa, s’efforçant de recueillir le plus de renseignements possible.

Tout à coup parut un appareil français qui lui donna la chasse, le rejoignit et, modernes chevaliers, ils se mesurèrent en combat singulier, entre ciel et terre, à coups de mitrailleuses.