Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/266

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fit signe qu’elle désirait accoster. On laissa venir et une vieillarde brandissant un feuillard de laurier escalada la coupée et réclama les honneurs.

Elle dit ensuite au matelot de Ploërmel qui lui taillait une basane pour réponse, qu’elle voulait parler au Chef, qu’elle se nommait μελνορηρα ou Tête Noire, encore qu’elle fût blanche ; qu’elle avait voyagé à Claros, Samos, Délos et Delphes, et qu’elle connaissait la passe de Troie. À la seconde basane, elle remit une enveloppe et redescendit avec dignité. Le matelot porta le pli à l’Amiral qui en tira une feuille de laurier sur laquelle étaient tracés ces alexandrins énigmatiques :

Fils d’Ulysse, ô nocher Boué de Lapeyrière,
Si le Turc est vaincu, le Grec sera derrière.

Le premier mouvement de l’Amiral fut de jeter cette feuille de laurier, dont l’inscription lui parut futile, et de punir l’importun tailleur de basanes, ce qui lui donna le temps de la réflexion. Le second mouvement fut donc de regarder l’enve-