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LE POÈTE ASSASSINÉ

macarée

Ils sont couleur de lune
Et ronds comme la roue de la Fortune.

viersélin tigoboth

Si vous n’craignez pas d’attraper des poux,
Je veux bien être aujourd’hui votre époux.

Et Viersélin Tigoboth s’avança des baisers pleins les lèvres :

« J’ v’ainme ! I fait pahûle ! Ô binaméïe ! »

Bientôt il n’y eut plus que des soupirs, des chants d’oiseaux et des lièvres roux et cornus ainsi que des diablotins passaient, vites comme les bottes de sept lieues, près de Viersélin Tigoboth et de Macarée, sous le pouvoir de l’amour, derrière les prunelliers.

Puis, la bécane emporta Macarée.

Et triste jusqu’à la mort, Viersélin Tigoboth maudit l’instrument de la vitesse qui roulait et s’engloutit derrière la rotondité terraquée, au moment où le musicien se mettait à pisser en fredonnant une pasquéïe…