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LE POÈTE ASSASSINÉ

Au deuxième acte, la jeune femme disait au jeune médecin :

— Je me dévoue pour mon mari. Je veux devenir hydropique à sa place.

— Aimons-nous, Madame. Si vous n’êtes pas impropre à la maternité, votre souhait sera rempli. Et quelle douce gloire j’en tirerai !

— Hélas ! murmurait la dame, je n’ai plus d’ovaires.

— L’amour, s’écriait alors le docteur, l’amour, madame, est capable de faire bien des miracles.

Au troisième acte, le mari mince comme un I et la dame enceinte de huit mois se félicitaient de l’échange qu’ils avaient fait. Le médecin communiquait à l’Académie de médecine le résultat de ses travaux sur la fécondation des femmes devenues stériles à la suite d’opérations chirurgicales.

Vers la fin du troisième acte, quelqu’un cria : « Au feu ! » dans la salle. Les spectateurs épouvantés se sauvèrent en hurlant. En fuyant, Macarée s’accrocha au bras du premier homme qu’elle rencontra. Il était bien vêtu et beau de figure, et comme Macarée était charmante, il parut flatté de