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LA FAVORITE

chu, quatre pièces d’or… Il était si beau et il était le roi… Quatre marenghi »

Et elle pleurait, cette favorite, ne s’observant plus, laissant brusquement toutes ses années lui froisser le visage. Son souvenir les avait toutes rappelées, ses années à elle et de plus anciennes encore qui la vieillissant davantage évoquaient les aventures galantes des prisonniers de jadis à Pignerol. C’était Lauzun, vieille ombre frivole qui revenait pour courtiser cette femme, et, avec le surintendant Fouquet et le Masque de Fer, formait une cour merveilleuse et séculaire à cet ouvrier mort à qui le hasard avait donné pour compagne la favorite d’un roi.

Mais Costantzing, qui avait perdu son argent au lotto, chassa ces ombres lorsqu’il revint. Il s’avança, les poings fermés :

« Vous savez, la Cichina m’appartient ! Ce n’est pas parce que vous êtes habillé en monsieur que vous pouvez vous mêler de ce qui ne vous regarde pas… Foutez le camp et tchaû ! »

Et il répéta plusieurs fois le dur adieu piémon-