Page:Apollinaire - Les Exploits d’un jeune Don Juan.djvu/101

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honte… Est-ce que c’est public ? Les femmes peuvent-elles voir ça ?

— Malheureusement non, dis-je sérieusement ; devant toi, Élise, je ne me gênerais pas. »

Je l’embrassai cordialement. Nous étions dans un petit bois, près du Château. J’ajoutai :

« Crois-tu donc qu’il y a dans le monde une fiancée qui, la nuit de ses noces, ne devra pas se tenir nue devant son mari pour être dûment visitée. Il se tient d’ailleurs nu, lui aussi.

— Mais un homme, ce n’est pas la même chose.

— Pourquoi ? Si je me mettais nu devant toi, tu verrais tout : mes poils, mon vit bandant, mes couilles, mais de toi je ne pourrais voir que les poils, ton con resterait caché. As-tu beaucoup de poils, Élise ?

— Oh ! regarde les jolies fraises, Roger », dit Élise.

Je l’aidai à en chercher. Nous pénétrâmes profondément dans le bois. Je l’embrassai en bandant comme un cerf.

« Qu’y a-t-il là-bas ? demanda-t-elle.

— Une hutte de chasse ; j’ai la clef, ça nous appartient. » La hutte était entourée d’un épais taillis.

« Attends-moi, Roger, je viens de suite. Prends garde que personne ne vienne. »

Elle alla derrière la hutte. Je l’entendais pisser. Je regardai. Elle était accroupie, un peu penchée, les jambes écartées et tenait ses