Page:Apollinaire - Les Exploits d’un jeune Don Juan.djvu/32

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duveteux et de couleur si claire que vraiment il fallait être bien près pour les voir. Chez moi il n’y en avait pas plus, mais ils étaient plus noirs.

Je les tortillai un peu et manifestai mon étonnement au sujet de la différence de couleur de nos poils.

Mais Berthe répondit : « C’est toujours comme ça !

— Comment sais-tu cela ?

— Kate me l’a dit, quand nous étions au bain seules. D’ailleurs je vais bientôt avoir mes affaires.

— Qu’est-ce que c’est que ça ?

— Le con laisse couler du sang tous les mois pendant quelques jours. Kate a eu des poils et ses affaires au même âge que moi.

— A-t-elle aussi des poils comme toi ?

— Mais non ! » dit Berthe d’un air de supériorité et, laissant retomber ses vêtements, elle ajouta : « Kate a les poils roux et moi je les ai blonds. Elle se met de l’huile sur la tête pour paraître plus foncée. D’ailleurs, elle a tellement de poils qu’on ne peut voir sa chose que si elle écarte bien les jambes. »

Pendant que Berthe disait tout cela, mon membre avait perdu sa raideur. Berthe le remarqua et dit :

« Vois, ton chose est redevenu tout petit. Kate m’a bien dit cela, un jour que je lui avais demandé pourquoi elle avait ri dans la salle de bains. Elle m’a raconté que le membre de