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CHAPITRE III

La cloche qui venait de sonner, nous nous en aperçûmes alors, n’était pas pour nous, mais pour annoncer le dîner des domestiques. Nous n’étions donc pas pressés de nous éloigner, puisque nous étions habillés, et que les gens qui se seraient approchés ne pourraient rien savoir de ce que nous venions de faire.

Nous entendions du bruit, non loin de nous, hors du jardin. Nous vîmes bientôt que ces voix appartenaient à quelques servantes qui avaient à faire dans le champ qui se trouvait derrière le jardin. Mais nous pouvions les regarder parce que le dîner des domestiques ne commençait qu’un quart d’heure après la sonnerie de la cloche.

Comme il avait plu la veille, la terre du champ labouré collait aux pieds des servantes qui allaient pieds nus et dont les jupes — à la vérité, elles ne semblaient en avoir qu’une seule, chacune, sur le corps — étaient très courtes et ne descendaient pas plus bas que le genou. Elles n’étaient pas d’une grande beauté, mais